Saravah

Saravah
C'est à bord de ce joli bateau que nous effectuons notre traversée du Pacifique

vendredi 23 mars 2012

POT-AU-NOIR


Pot au noir. L'expression vous dit peut-être quelque chose? Sinon, je vous présente volontiers ci-bas ma définition personnelle:

Le Pot au noir est ce qui force les navigateurs à la voile à endurer le vacarme d'un moteur diesel, jours et nuits, parce que monsieur pot-au-noir a décidé de les priver complètement de vent et de leur fournir, à l'occasion, de bonnes douches froides en guise d'averses. Pot au noir déteste la vie maritime donc refuse toute présence de poissons, baleines, dauphins et oiseaux, privant ainsi les matelots d'une bonne source de nourriture. Pot au noir a la prétention d'être immuable et plus fort que tout. Pot au noir est détestable. 

Bien que je le personnalise, Pot au noir n'est pas une personne, mais plutôt un phénomène météorologique. C'est une zone intertropicale de convergence, une ceinture météo de seulement quelques centaines de kilomètres au nord au sud de l'équateur. Elle est formée par la convergence des masses d'air chaudes et humides provenant des tropiques portées par les alizés. On la reconnaît par son alternance de calmes et de grains violents, par sa couverture nuageuse et son fort taux d'humidité. Mais le pire avec le Pot au noir, c'est qu'il reste imprévisible... Il s'étire, s'allonge, se rétracte ou grossit sans crier gare: le marin sait quand il commence à y entrer, mais pas quand il va en sortir!

Nous, nous avons dû l'endurer pendant cinq jours, le temps de picorer les 562 miles nautiques entre la côte équatorienne et l'île de San Cristobal, Galapagos.  Cinq jours à manger des cannes de thon, à dormir la tête à une distance d'un mètre d'un moteur diesel Yanmar 18 chevaux en marche, à regarder la grande voile faseyer et le spi se dégonfler... Mais! pour le plaisir d'entre tous, nous avons eu le temps de boire des petites bières au soleil, parfaire notre bronzage, lire des bouquins, s'affronter au jeu de Baggamon (c'est moi qui gagne!), bricoler un peu sur le bateau et prendre des douches d'eau douce le temps des quelques averses. Vitesse moyenne de progression se situant entre 2,5 noeuds (sous voiles) et 6 noeuds (sous moteur). Avec l'aide du courant qui nous poussait les fesses au cap de 268 degrés, disons que nous nous en sommes très bien sortis. 




2 commentaires:

  1. Quel texte bien écrit !
    Eh bien, çà y est Elsa, tu es maintenant comme Popeye: un vrai marin! Félicitations!
    Tu as, depuis le Vénézuéla, parcouru une distance équivalente à une traversée de l'Atlantique. Tu as barré dans tous les types de mers. Tu as connu les calmes plats qui peuvent énerver les plus flegmatiques. (Connais tu la chanson de Desjardins qui raconte l'histoire d'un grand voilier espagnol pris dans la pétole ?) Et puis, ce qui n'est pas banal, tu t'est offert le Canal de Panama.

    Je dis Bravo à tout l'équipage qui a réussi à garder son "calme" durant cette traversée éprouvante. Si on fait de la voile, c'est - entre autres - parce qu'on déteste le bruit des moteurs.

    À propos de moteur, je vois que Laurent a su équiper SARAVAH du meilleur qu'on trouve sur le marché: un beau YANMAR 18 forces. Si j'ai bien compris, votre moteur a ronronné sans arrêt durant 5 jours... comme un bon Yanmar.
    On a beau apprécier le silence, il y a des moments où on est bien contents de l'avoir à la rescousse.

    Après les Galapagos, vous allez descendre au sud vers la Polynésie française et vous serez portés par les fabuleux alizés qui vous offriront des vents agréables, des poissons volants et de grands moments de pur bonheur de naviguer.

    En attendant, bon séjour dans cet archipel auquel la plupart des marins ne feront que rêver sans jamais avoir la chance de le visiter.

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  2. Tu es la meilleure au baggamon hihi

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